Précisions sur le caractère universel de ce système.
Euclide, le mathématicien grec, a repris cette analyse dans son œuvre, pour mettre en évidence les forces agissant pour produire la vie dans notre système solaire. Il conclut son ouvrage « Les Eléments » par une démonstration prouvant qu'il existe exactement et seulement 5 polyèdres convexes réguliers, qui peuvent symboliser les cinq Eléments : le tétraèdre, le cube, l'octaèdre, le dodécaèdre et l'icosaèdre.
Platon, de son côté, avait permis, sur la base de la description de ces cinq polyèdres, de vérifier la formule mathématique d’Euler : F + S = A + 2. Le nombre F de faces, ajouté au nombre S de sommets, est égal au nombre A d'arêtes, auquel est additionné le chiffre 2. En reproduisant ces 5 formes, avec les formules mathématiques permettant de les tracer en deux et trois dimensions, on a une idée des forces structurant le système solaire pour y produire la vie … et de là les règles pour que nos constructions soient vivifiantes et non vecteurs de chaos.
Les Grecs ont accordé ainsi une signification sacrée aux cinq solides réguliers en les liant aux cinq Eléments. Cette science avait été héritée de l'Egypte antique, dont elle constituait la règle de construction, sous la forme de la "fleur de vie" (aller à la minute 34 de la vidéo). Les cinq solides s'inscrivent d'ailleurs dans cette figure géométrique, fractale unique à partir de laquelle l'homme - mais aussi tout l'univers - se développent. On en retrouve le dessin sur une construction d'Abydos, datée de 9.000 ans av. J.-C. (Temple d'Osirion).
A la Renaissance, l’astronome Kepler (1571-1630) pensait que le nombre et la disposition des planètes était une manifestation de la volonté de Dieu et n'était donc pas arbitraire. Il associa les planètes connues à l'époque dans les cinq solides parfaits platoniciens. A chaque sphère, il associa une planète, le rayon de la sphère donnant la distance moyenne de la planète au soleil. Chaque polyèdre est inscrit dans une sphère et circonscrit dans une autre. Vénus correspondait à l'octaèdre, la Terre à l'icosaèdre, Mars à au Dodécaèdre, Jupiter au tétraèdre et Saturne au cube.
C’est donc un des aspects d’une science universelle de la construction, et donc de la charpente psychologique de l’homme, que sont les cinq Principes du Reiki. Encore fallait-il le démontrer.
Pourtant, compte tenu que Mikao Usui déclare dans son interview avoir reçu le testament spirituel de l’Empereur Meiji, on avait supposé que les cinq Principes en étaient un condensé ou un des aspects.
En effet, un Code moral présenté au sanctuaire Meiji de Tokyo reprend quelques uns des mêmes éléments, où Mikao Usui aurait pu puiser :
« Chers sujets, ayez du respect pour vos parents ;
soyez affectueux envers vos frères et sœurs ;
maintenez l’harmonie entre mari et femme,
comme le feraient des amis sincères ;
que la modération et la modestie soient vos valeurs ;
soyez bon envers tous ;
persévérez dans vos études et cultivez vos talents artistiques ;
développez vos capacités intellectuelles
et entraînez-vous à la perfection morale ;
ayez en vue et travaillez pour le bien commun ;
respectez la Constitution qui nous lie entre nous
et ne trahissez pas nos lois nationales ;
si le danger venait,
offrez courageusement votre aide aux institutions qui sont les vôtres ;
et gardez notre trône suspendu entre Ciel et Terre
(dans son rôle de médiation) ».
Toutefois, on peut faire remarquer que le Docteur Bizan Suzuki, entre 1910 et 1920, avait publié au Japon un ouvrage intitulé « Kenzen-no Genri » (« Règles pour une bonne santé »), qui comprenait des préceptes semblables aux Cinq Principes du Reiki :
« Juste pour aujourd’hui, pas de colère manifestera,
pas de crainte t’envahira,
travailler dur, tu feras,
honnête et aimable envers autrui, tu seras ».
Les cinq Principes ne semblent donc n’avoir aucun rapport avec l’empereur Meiji, mais avec ce médecin. A moins que le médecin n’ait été inspiré par l’Empereur, ou encore que tous, y commpris Mikao Usui aient puisé dans le Bouddhisme. On ne peut pas trancher cette question pour l’heure.
Reste à savoir pourquoi Mikao Usui a fait appel au système des éléments propre au Bouddhisme tantrique, c’est à dire au nomadisme, et non à celui de la sédentarité, dont le néo-Shintoïsme de l’ère Meiji se réclame. Il faut se souvenir qu’à l’époque (vers 1920) où apparaît le Reiki, le Japon sort d’une période d’une trentaine d’années. Il s’est remis d’une guerre civile et d’une sortie brutale de la féodalité, marquant le retour du thème impérial et des valeurs du Shintô. Le Bouddhisme achève également une période de reflux ... et on sait de Mikao Usui qu’il pratiquait le Zen, après avoir été un adepte zélé du néo-shintoïsme, alors la doctrine de l’Etat nippon. En effet, la stèle de Saihoji indique qu’il était un missionnaire du mouvement, jusqu’en Occident.
Que s’est-il passé ? Divers auteurs ont entendu répondre à cette interrogation, notamment en indiquant que le Shintô chamanique, antérieur à l'organisation impériale, connaît une analyse par Eléments assez semblable à celle du Bouddhisme tantrique. En effet, cette tradition, tout comme le Bön de l'Himalaya, est un des vestiges d'une époque antérieure à la civilisation japonaise, dont le Bouddha pourrait avoir retrouvé les arcanes en réaction à la décadence des grands empires de son époque (6ème siècle av. J.-C.). Il s'agirait donc d'une science assez universelle, liée à l'écologie du corps et aux grandes arcanes de la nature, et non plus liée aux seuls rythmes de l'agriculture, comme l'est le modèle taoïste.
Extraits de Pascal Treffainguy, "Reiki, médecine mystique de Mikao Usui",
Editioun vun Killebierg, Luxembourg, 2008