1. Le système taoïste.
Nous allons donner une vue rapide et succincte, voire caricaturale de ce système. Le lecteur voudra bien se reporter aux ouvrages plus spécialisés sur la question.
Les Chinois représentaient l’univers comme un carré à neuf cases, sur le modèle duquel était divisé l'Empire et construit le palais (« Ming-Tang », le temple de la lumière) de l’Empereur (appelé alors « Da Guang Ming », la grande lumière scintillante – nous rendons ce terme dans nos langues indo-européennes par « dei-wo », qui a donné « dieux » puis « Dieu »).
Au centre de ce carré à neuf cases, une croix marquait les directions cardinales. A chaque direction était assigné un Elément sacré : Feu, Métal, Terre, Eau et Bois.
Nord Eau |
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Ouest Métal |
Centre
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Est Bois |
Sud Feu |
Ces Eléments étaient disposés selon deux figures : un cercle en un pentagramme, appelé cycles de création et cycles de contrôle. La mise en œuvre de la connaissance donne les clés pour maintenir l’harmonie naturelle, propice à la vie. En renforçant un élément trop faible par celui qui le nourrit ; en compensant un excès d’un élément par celui qui le contrôle, l’homme est capable de restaurer cette harmonie dans un système pathologique quelconque.
Le cycle de création (en cercle) souligne les rapports entrenus par les différents Eléments entre eux, comment ils harmonisent et comment ils se nourrissent pour produire la vie.
Le pentagramme de contrôle (en étoile) décrit les obstacles freinant la conversation des Eléments entre eux et comment il en résulte du contrôle mais aussi de la maladie et la mort.
Chaque élément est associé à une période de la journée et à une saison, ainsi qu’à une infinité de concepts liés. Par le symbole qu’est l’Elément, on peut ainsi saisir le genre de force ou de mouvement, avec lequel on a à faire
Le Feu produit de la Terre (il réduit tout en cendres) et contrôle le Métal (il peut le faire fondre et le déformer). Il est associé au milieu du jour et à l’été, cette période où la nature s’épanouit et reçoit toute la force du soleil. L’énergie du Feu est un cri actif, qui va courir dans toutes les directions.
La Terre produit du Métal (les métaux sont extraits de ses entrailles) et contrôle l’eau (en la conduisant dans des digues). Associée à l’après-midi ou à l’été indien, elle incarne le moment des récoltes. L’énergie de la Terre est en cercle protecteur, elle rassemble et couve.
Le Métal produit de l’Eau (il s’en échappe de la vapeur, et ces « vapeurs » de métaux donnent à l’eau toutes ses propriétés curatives : minéraux, oligo-éléments, …) et contrôle le Bois (en le tanchant). Associé au coucher du soleil et à l’automne, cette force du Métal se trouve dans les plantes qui se sont concentrées en graines et qui redonnent à la Terre leurs fruits, une fois l’arbre matûre. L’énergie du Métal condense, elle est donc tournée vers l’intérieur.
L’Eau produit la végétation, donc le Bois (la plante s’alimente d’eau pour grandir) et contrôle le Feu (l’eau éteint le Feu). Associée à la nuit et à l’hiver, elle s’incarne dans ces phases de repos de la nature, où elle se gorge d’énergie pour renaître au printemps. L’énergie de l’Eau est ainsi fluide et calme.
Le Bois produit le Feu et il contrôle la Terre (où l’enracinement de la plante s’opère). Associé au lever du soleil et au printemps, on retrouve sa force au moment où la plante sort du sol attirée par la lumière. L’énergie du Bois est donc ascentionnelle, celle de l’expansion, de l’ouverture vers l’extérieur.
On retrouve, dans ce système, une préoccupation typique des sédentaires : le lieu de culture brûlé, la terre est tranchée par le métal de la charrue, puis inondée afin que les plantes s’épanouissent sans contrainte et donnent du combustible et de la semence.
Ce système a été porté au paroxisme de ses conséquences dans l’art de la construction, le Feng-Shui (étym. air et eau), et également dans la science divinatoire du Yi-King. Un schéma synthétise cette science sous la forme d'un carré, tronqué de ses quatre angles. Ces derniers forment alors une pyramide, qui est le symbole de la conservation), et la science maçonnique se présente comme un octogone, alors symbole impérial (ou de médiation) :
Du point de vue politique et religieux, au centre de tout l’architecture sociale chinoise se tenait l’Empereur, un nomade sacralisé et symbolisé lui aussi par l’octogone, qui assurait la communication de la collectivité avec l’environnement. C’est ainsi que l’octogone de l’Empereur est le cinquième élément au-dessus du carré de la Terre, communiquant avec le soleil central dans le ciel, décomposé en cercle des douze zodiacaux (ou douze animaux célestes du Taoïsme).
Ciel : cercle
Empereur : octogone
Terre : carré
On retrouvera l’idéogramme chinois désignant l’Empereur au centre de celui du Reiki, en position de médiation entre l’énergie interne des malades d’un côté et les influences célestes (spirituelles) de guérison de l’autre. Ces trois formant ce que la doctrine taoïste nomme : « La Grande Triade ». Un ouvrage de René Guénon a été consacré à cette dosctrine, nous y renvoyons.
Ouvrage de René Guénon sur la question,
frappé de l’idéogramme Wang.
Dans le cadre anthropologique nippon, c’est le kami (dieu) Mao-Son, émanation lui aussi de la brillance civilisatrice (celle de Vénus), qui marque le centre du monde et fonde la dynastie impériale sur le site de Kurama-yama (où Mikao Usui dit avoir eu la révélation du Reiki).
Derrière ces arcanes en apparence compliquées, mêlant religion et politique, spiritualité et science, se cache une connaissance minutieuse de la nature, destinée à la survie collective de cultivateurs. Toutefois, même si on retrouve dans ces concepts des aspects du Reiki (comme l’Empereur, le site de la révélation du Reiki et son idéogramme), nous pensons que c’est dans le système du Bouddhisme tantrique, que les cinq Principes du Reiki trouvent leur source. Voici à la suite pourquoi.
Extraits de Pascal Treffainguy, "Reiki, médecine mystique de Mikao Usui",
Editioun vun Killebierg, Luxembourg, 2008